Dans cet ouvrage ” vigilance du cœur et examen de conscience “, l’imam al Ghazzali nous parle de l’importance pour le croyant de faire son examen de conscience. C’est à dire d’interroger son âme, de lui fixer des conditions. Et de la sanctionner pour ses manquements. L’auteur nous explique que le musulman se doit de critiquer et de blâmer son âme tout au long de sa vie afin de l’éduquer. Et ce afin qu’elle ne prenne pas le dessus sur nous. Mais de quelle manière pouvons nous interroger notre âme? Comment la critiquer et la blâmer ? De quelle façon la sanctionner ? L’auteur nous donne dans cet ouvrage les clés pour réaliser ce travail.
L’imam al Ghazzali nous rappelle que nous devons interroger notre âme. Il faut lui demander des comptes concernant ses actes et ses paroles avant que ce soit Allah (swt) qu’Il le fasse le jour du Jugement Dernier. Car à ce moment là, il sera trop tard. Ce travail d’examen de conscience (al mouhasaba) doit être constant tout au long de notre vie. Il comporte plusieurs étapes que nous allons aborder brièvement.
Station 1: Poser des conditions à notre âme (al mousharata)
Il est primordial de poser des conditions à notre âme, de la surveiller sans cesse afin qu’elle ne soit pas livrée à elle même. Sinon elle risque de s’égarer et de prendre le contrôle en nous désobéissant. Chaque début de journée, nous devons vider notre cœur pour poser des conditions à notre âme. L’imam al Ghazzali nous cite dans son ouvrage les paroles que nous devons dire à notre âme.
Rappeler à notre âme que le fait de suivre ses passions l’amène à sa perdition. Le croyant doit tout au long de la journée et de la nuit faire des recommandations à lui et à son âme. Mais également penser avant d’effectuer un acte, quelles sont les conséquences qui en découleront afin de savoir s’il faut s’en abstenir ou pas.
Station 2 : Vigilance et conscience du regard divin (al mouraqaba)
Al mouraqaba c’est le fait d’avoir constamment à l’esprit que Allah (swt) est présent à chaque instant de notre vie. Etre également conscient qu’Il connaît la moindre de nos pensées même les plus cachées et qu’Il scrute tous les actes de notre âme. Dans la sunna, il est dit que trois registres sont tenus pour le serviteur pour chaque action: pourquoi ? comment ? pour qui ?
Il faut questionner notre âme dans le but de préparer nos réponses afin qu’elles soient cohérentes. Pour effectuer ce devoir, nous avons besoin de connaître notre âme. Et de connaître notre Seigneur (swt). Mais également d’avoir à l’esprit que deux ennemis sont très redoutables: Satan et nos passions.
Ce que nous devons surveiller c’est l’intention qui accompagne notre acte. Une vigilance intérieure et extérieure doivent être faites. L’auteur les développe dans son ouvrage.
Station 3: L’examen de conscience après l’action
Concernant la religion, “le capital” du croyant correspond aux prescriptions obligatoires qu’il effectue. Et “ses bénéfices réalisés” ce sont ses actes surérogatoires et ses comportements vertueux. Ainsi, les péchés qu’il commet sont ses pertes.
Nous devons donc demander en premier des comptes à notre âme en ce qui concerne ses prescriptions obligatoires. Si elle les effectue de manière correcte, “nous l’encourageons à continuer sinon nous lui demandons de les rattraper“. Notre âme doit s’expliquer sur chaque mot, chaque regard, chaque intention, chaque pensée, chaque action, chaque silence, etc.
Station 4: Sanctionner notre âme pour ses manquements
Nous devons sanctionner notre âme pour ses manquements. En privant chaque partie de notre corps de ce qu’elle veut. Par exemple, si nous regardons une chose interdite nous devons sanctionner notre regard en lui interdisant de regarder.
Comme Mansur ibn Ibrahim raconte qu’un homme a mis sa main dans le feu jusqu’à ce qu’elle ressorte desséchée. Car il a parlé à une femme au point où il posa sa main sur sa cuisse. Il regretta son acte.
Station 5: L’effort sur soi
Si nous nous apercevons que notre âme est devenue paresseuse, nous devons être plus sévère dans l’accomplissement des actes en question. Et effectuer des actes surérogatoires pour ce que nous n’avons pas fait. Lorsque notre âme n’est pas réceptive face à nos remontrances envers elle, alors nous continuons de la blâmer.
Station 6: Critiquer et blâmer notre âme
Notre âme est un de nos ennemis qui nous entraîne vers le mal. Il faut donc l’éloigner des désirs, la purifier et l’accompagner sur le chemin de l’adoration de Dieu. C’est à travers la critique de notre âme, le fait de la blâmer qu’elle pourra avancer et devenir une âme apaisée. L’auteur fait tout un chapitre sur les paroles à dire à notre âme.
Cet ouvrage “vigilance du cœur et examen de conscience” est très important à lire pour tout musulman qui souhaite développer sa spiritualité. Apprendre à connaître son âme, savoir comment la sanctionner, la méthode à avoir pour effectuer son examen de conscience. Car si nous n’éduquons pas notre âme, elle prendra le dessus et nous en serons esclaves. Tout âme possède du bien et du mal et c’est l’éducation que nous lui apportons qui lui donne sa couleur.
Présentation générale de l’ouvrage “vigilance du cœur et examen de conscience“
Ce livre est écrit en caractère moyen avec des phrases simples. Il contient 102 pages mais il se lit facilement. Cet ouvrage vise un large public souhaitant en connaître davantage sur la manière de purifier son âme et de la protéger. L’auteur nous donne les raisons et la manière dont il faut interroger son âme et l’importance de la sanctionner.
La lecture de ce livre ne demande pas de prérequis nécessaire pour sa compréhension. L’auteur illustre ses propos à travers des versets, des hadiths, des citations de poètes et de savants. Il n’hésite pas à utiliser des métaphores pour expliquer certaines notions. Vous trouverez ce livre aux éditions al Bouraq à un prix très très abordable: 7,5 euros.
Présentation de l’auteur du livre “vigilance du cœur et examen de conscience”
Abou Hamid al Ghazzali est né en 450 de l’Hégire (soit en 1058 de l’année grégorienne) à Tus. Théologien dogmatique et théoricien du soufisme. Il étudia avec son frère Ahmed à Tus puis à Jurjan le fiqh Shafi’i. De 1082 à 1085, il fut l’élève de Juwayni à Nishapur dans la madrassa Nizamiyya (ash’arite). C’est à cette période qu’il commença a écrire ses premiers ouvrages dont un traité d’oussoul al fiqh.
En 1085 après la mort de son maître Juwayni il rejoignit Nizam al Mulk, le fondateur et directeur de la madrassa Nizamiya. Il enseigna à la Nizamiya de Bagdad de 1091 à 1095.
En 1095 al Ghazzali décida d’arrêter l’enseignement pour faire une retraite de 10 ans. Il commença le fameux ouvrage “Revivification des Sciences de la Religion” qu’il acheva en 1106. Cet ouvrage est un guide spirituel . Il se compose de 4 sections dont chacune comporte 10 livres. La première section concerne al ibadat : obligations cultuelles. La deuxième section concerne les adat (coutumes: comme mariage…). La troisième section concerne al muhlikat (parlent des actes nuisibles à l’homme : vices et défauts comme envie, colère…). Et la quatrième traite des munjiyat: vertus religieuses qui sauvent comme repentir…
En 1106 il reprit l’enseignement à Damas dans une madrassa où il axait ses cours sur la méditation et la pratique de la piété. Puis en 1096 il se rendit à Jérusalem et il fit le pélerinage à la Mecque à la fin de l’année. En 1098 il se rendit à Hamadahn pour enfin revenir à Tus en 1100. Il y dispensa des cours particulier en fiqh et il se consacrait à la spiritualité lors de ses moments de libre. Il est mort à Tus en 505 de l’Hégire soit en 1111.
Référence:
Abou Hamid all Ghazzali, Le tabernacle des Lumières (Michkat al Anwar), éditions du seuil, traduit par Roger Deladrière, 1981, 1ère édition, pages 9 à 31