Les bases du divorce

Publié le 13 Juin, 2023

Article rédigé par Sophie Rabahi

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Dans la vie, certains doivent avoir recours au divorce. Il faut savoir qu’il ne se fait pas n’importe comment, il y a des règles à respecter. Nous allons voir brièvement dans cet article ses bases. Qu’est ce que le divorce ? Quels sont ses types ? Qui peut le demander  ? 

 

Définition du divorce

 

La racine du terme الطلاق est ط ل ق qui signifie quitter, libérer, lâché, se séparer, être répudié, laisser partir, etc. (1) Au sens étymologique at-Talaq c’est la dissolution des liens du mariage. (2)

 

 

Statut juridique du divorce

 

Le Prophète (saws) a dit “l’action licite que Dieu déteste le plus est le divorce.” (rapporté par Abou Dawoud)

Le divorce doit être le dernier recours si la méditation, la réconciliation entre les époux ne fonctionne pas. Il est autorisé afin de ne pas mettre le couple dans une situation bloquée, car vivre en ne pouvant pas se séparer amènerait les gens à se détester au point de se haïr. (3)

Les savants disent que le divorce a cinq statuts juridique:

  • il est licite pour une raison valable
  • il est recommandé si le différend entre les époux s’accentue ou si l’époux se montre injuste envers son épouse
  • il est obligatoire lorsque le mari s’abstient de tout rapport sexuel pendant quatre mois avec sa femme. dans ce cas il doit se repentir ou prononcer le divorce qui devient obligatoire.
  • il est interdit si l’homme après le divorce sait qu’il va tomber dans la fornication et n’a pas les moyens financiers de se marier avec une autre femme.
  • il est répréhensible lorsque le divorce n’a pas de raison valable. (4)

 

Les types de divorce

 

Le divorce révocable

 

C’est le divorce qui est prononcé par l’époux envers sa femme mais qui permet au mari de se rétracter et de reprendre son épouse tant que celle ci est en période de viduité (idda) sans conclure un nouveau contrat de mariage ni moyennant une nouvelle dot. Pour ce type de divorce il faut que le mariage ait été consommé.

La règle est que “tout divorce est révocable sauf dans cinq cas:

  • le prononcer  et ne pas se rétracter avant la fin de la période de viduité
  • prononcer le divorce moyennant une compensation financière
  • la séparation prononcée par les deux arbitres
  • le prononcer avant la consommation du mariage
  • prononcer le divorce trois fois dans une même formule ou dans la même séance (5)

Le divorce irrévocable

 

Il y a deux sortes de divorce irrévocable.

 

Le divorce irrévocable mineure

 

C’est le divorce qui permet au mari de reprendre sa femme qu’après conclusion d’un nouveau contrat de mariage moyennant une nouvelle dot après le consentement de la femme. Mais au bout du troisième divorce irrévocable mineur devient majeur.

 

Celui dont l’irrévocabilité est majeur

 

C’est le divorce qui ne donne plus droit au mari de reprendre la femme à l’encontre de laquelle il a prononcé le divorce à moins que celle ci n’ait contracté un mariage réel avec un autre homme et que cette dernière est consommer l’union avec elle puis divorce d’avec ce dernier. Attention il faut pas que le mariage se fasse dans le but de divorcer juste après pour pouvoir se remarier avec son premier mari. (6)

 

Le divorce conforme à la sunna

 

C’est celui dont les modalités sont conformes aux prescriptions du Coran et de la Sunna.

Il consiste à ce que le mari prononce une seule fois le divorce à l’encontre de son épouse pendant sa période de pureté rituelle pendant laquelle il n’a pas eu de rapport sexuel avec elle. Le Prophète (saws) a dit à Omar (à propos de son fils) “ordonne lui de la reprendre, qui la garde jusqu’à ce qu’elle se purifie et qu’elle ait ses règles et se purifie à nouveau. Puis s’il veut, il la garde ou divorce d’elle avant de coucher avec elle, c’est la période de viduité conformément à laquelle Dieu a ordonné de divorcer des femmes.” (rapporté par al Boukhari et Mouslim) (7)

 

Ses conditions

 

Pour les malikites, la femme ne doit pas être en période de règles ou de lochies. (ijma’) Il doit être prononcé pendant la période de pureté rituelle avant tout rapport sexuel. (ijma’) Il faut prononcer le divorce une seule fois. Ne pas prononcer le divorce une deuxième fois jusqu’à la fin de la période de viduité.

Le divorce conforme à la sunna ne peut être prononcé qu’après avoir effectué les grandes ablutions pour les malikites.  (8)

 

Le divorce dit bid’i

 

C’est lorsque le mari prononce le divorce à l’encontre de son épouse pendant sa période de menstrues ou de lochies ou pendant sa pureté rituelle après avoir eu des rapports sexuels avec elle. Si le mari prononce le divorce trois fois ceci est un divorce innové pour Abou Hanifa et Malik.

Pour la majorité des savants le divorce innové bien qu’il soit interdit demeure valide. (9)

 

Al Khoul’

 

Al Khoul’ est la dissolution du mariage moyennant une compensation financière en utilisant les termes du talaq ou du khul’. Il est licite s’il y a une raison valable tels que le mauvais comportement du mari, le manque de foi ou de religiosité, la faiblesse, etc.

 

La valeur de la compensation financière

 

Pour Malik, Shafi’i et d’autres: elle peut être supérieure à la dot si c’est elle la cause de la séparation, de même qu’elle peut être inférieure ou égale à la dot. (10)

 

Qui peut demander al khol” ?

 

La femme pubère jouissant de ses capacités mentales. Et la femme malade (maladie de mort): si le montant de la compensation est égale à la part d’héritage du mari que lui laisse son épouse

Al  khul’ est une séparation irrévocable mineure, le mari ne peut pas reprendre sa femme à moins qu’il conclu un nouveau contrat de mariage moyennant une nouvelle dot après le consentement de la femme. (11)

 

 

Les termes du divorce

 

Il y a consensus chez les savants que le divorce se produit s’il est accompagné de l’intention de divorcer en le formulant par des termes explicites. Pour Malik le seul terme explicite est talaq et ses dérivés comme anti taliq, moutallaq, tallaqtouki.

Pour Malik, Shafi’i et Abou Hanifa, celui qui a prononcé le divorce sans l’intention de divorcer, sa parole n’est pas acceptée. (12)

 

Statut du divorce dans certaines situations

 

Le divorce prononcé sous l’emprise de la colère

 

Pour la majorité il est valide.

 

Le divorce prononcé sur le ton de la plaisanterie

 

Le divorce est valide. Le Prophète (saws) a dit “pour trois choses le sérieux est pris au sérieux et la plaisanterie est prise au sérieux: le mariage, le divorce et la révocation;” (rapporté par Ahmad)

 

Le divorce par erreur

 

Il n’est pas valide

C’est pour cela qu’il est important de ne pas prononcer le divorce à la légère, cela a des conséquences. Toute parole a des conséquences. Si vous êtes dans une de ses situations je vous conseille de demander à un savant spécialiste dans ce domaine. Attention cet article n’est pas une fatwa, je cite seulement quelques point de jurisprudence. (13)

 

Le délai de viduité (al idda)

 

C’est la période que doit respecter la veuve ou la femme divorcée avant de se remarier. Cela afin d’éviter la confusion de paternité en cas de grossesse et aussi de donner la possibilité aux conjoints de revenir sur leur décision de séparation.

 

Pour la femme divorcée qui n’a pas consommée le mariage

 

Il n’y a pas de délai de viduité à l’unanimité des savants.

 

Pour la femme qui a consommé le mariage

 

Si la séparation a lieu après avoir consommer le mariage et que la femme n’est pas enceinte et qu’elle est en âge de l’être, le délai de viduité est de trois périodes de pureté rituelle pour les malikites et les shafi’ites et de trois périodes de menstrues pour les hanafites et les hanbalites.

 

 

Le délai de viduité est arrêtée à 3 mois à partir de la date de séparation.

 

Pour la veuve qui n’est pas enceinte

 

Le délai de viduité est de 4 mois lunaire et 10 jours à partir de la date du décès. sinon pour la femme enceinte le délai de viduité est jusqu’à l’accouchement (que ce soit pour la femme veuve ou divorcée). (14)

 

Une fois le divorce prononcé

 

La femme conserve ses droits durant la période de viduité. Le mari doit continuer à subvenir à ses besoins, elle doit rester dans le foyer conjugal. Car cette période est donner par Allah (swt) afin de laisser une opportunité au couple de revenir sur leurs décisions. (15)

Dans son livre, la place de la femme en islam, sheykh Youssouf al Qaradawi a exposé les facteurs qui évitent le divorce.

Tout d’abord il faut prendre le temps de choisir son époux et selon certains critères dont en premier lieu sa religion. Ensuite avoir vu l’homme avant de se marier afin de savoir si physiquement également elle plaît à l’homme.

La femme doit avoir l’accord du tuteur afin d’éviter d’épouser un homme qui déplait à la famille. Se renseigner sur le comportement du futur époux. Etre conscient que l’être parfait n’existe pas, chacun a des qualités et des défauts. Mais il faut se focaliser sur les qualités. Faire appel à un médiateur (16)

 

Les raisons qui font que c’est l’homme qui prononce le divorce

 

Tout d’abord c’est l’homme qui est chargé de sa famille, il réfléchit plus longuement avant de détruire sa famille, sauf pour motifs insoutenables. Contrairement à la femme, l’homme est moins dans l’émotion, il s’emporte moins facilement, il est plus réfléchi et plus patient. (17)

 

Conclusion

 

Le divorce n’est pas une chose qui doit se prendre à la légère, les mots ont des conséquences et il faut les mesurer. Avant de prendre une telle décision, essayez la médiation afin de trouver des solutions, savoir patienter. Nous sommes dans une génération où le divorce s’est banalisé, à la moindre épreuve les gens divorcent. Rappelons que le divorce est un élément détesté par Allah (swt) même s’ Il l’a autorisé.

 

L’importance de patienter

 

La vie de couple n’est pas simple, tout le monde passe par des moments difficiles, des épreuves mais la réussite du couple est de patienter, de faire face ensemble aux épreuves, et surtout de dialoguer pour éviter les malentendus. C’est normal qu’il y ait des tensions de temps en temps, dans toutes relations (amicale, fraternelle, maritale) les disputes existent car nous avons des caractères différents, chacun avec ses qualités et ses défauts, etc. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut penser de suite à la séparation.

Autre élément important, pour que la femme puisse avoir ses droits, le mariage civil doit avoir été fait auparavant. Le mariage religieux seul ne protège pas la femme, certains époux peuvent refuser de prononcer le divorce et dans ce cas le khou’l ne peut pas être effectué par l’épouse puisque vis à vis de la loi elle n’est pas mariée. Je vous invite à lire l’article sur le mariage. 

Cet article reste sommaire sur les règles du divorce, pour toute question, situation dans laquelle vous êtes je vous conseille de vous tourner vers un savant spécialiste dans ce domaine.

 

Références
1) Gloton, Maurice, Une approche du Coran par la grammaire et le lexique, édition al Bouraq, 1ère édition, Beyrouth, Liban, 2002, page 524
2) Zenati, Moncef, cours fiqh du divorce, institut européen des sciences humaines, 2016
3) al Qaradawi, Youssouf, la place de la femme en islam, éditions Arrissala, traduit par Claude Dabbak, Paris, France, 2002, 1ère édition, pages 109-110
4) Zenati, Moncef, cours fiqh du divorce, institut européen des sciences humaines, 2016
5) Ibid
6) Ibid
7) Ibid
8) Ibid
9) al Qaradawi, Youssouf, la place de la femme en islam, éditions Arrissala, traduit par Claude Dabbak, Paris, France, 2002, 1ère édition, page 117
10) Zenati, Moncef, cours fiqh du divorce, institut européen des sciences humaines, 2016
11) Ibid
12) Ibid
13) Ibid
14) Ibid
15) al Qaradawi, Youssouf, la place de la femme en islam, éditions Arrissala, traduit par Claude Dabbak, Paris, France, 2002, 1ère édition, page 119
16) Ibid, page 122
17) Ibid, page 121

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D’après Abou Houreira, le Prophète salalahou 3aleyhi wa salam a dit :  » Quand le fils d’Adam meurt, son œuvre s’arrête sauf dans trois choses :

  • Une aumône continue (jariya)
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  • Un enfant pieux qui invoque pour lui »

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