Publié le 17 novembre 2020
Le Prophète Chou’ayb (aws) a été envoyé au peuple Madyan juste après le Prophète Lot (aws). Mais qui est ce peuple ? Comment le prophète Chou’ayb (aws) les a t-il appelé à Dieu ? Et quelle fut leur réaction ? Quel châtiment Allah leur a réservé ? Et quels enseignements peut-on en retenir ?
Le peuple de Madyan
Le prophète Chou’ayb (aws) fait partie des quatre prophètes arabes cités dans le Coran. (1)
Les gens de Madyan vivaient dans la région de Ma’an à l’extrêmité du Cham du côté du Hidjaz. A proximité du lac du peuple de Lot (aws) dont nous avons évoqué l’histoire précédemment. Les habitants de Madyan était la tribu de Bani Medyan ibn Madian ibn Ibrahim al Khalil. Il y a divergence concernant les origines de Chou’ayb (aws). Selon ibn Ishaq, Chou’ayb (aws) est fils de Mikel ibn Yachjen. D’autres disent qu’il est Chou’ayb ibn Yechjen ibn Lawi ibn Jacob. Et il y a d’autres appellations. (2)
Ibn Assaker rapporte que sa grand mère, ou sa mère pour d’autres savants, était la fille de Lot (aws). Chou’ayb (aws) était l’un des compagnons d’Ibrahim (aws). (3)
Un peuple dans la désobéissance
Le prophète Chou’ayb (aws) était un des rares hommes vertueux et gentils. La majorité d’entre eux volait, trahissait, escroquait les gens de passage dans leur ville. Dieu leur avait donné beaucoup de bienfaits, mais au lieu de Le remercier, ils étaient prêt à tous les stratagèmes pour en obtenir davantage, quitte à mentir et tricher. Au fil du temps ils s’éloignèrent de Dieu jusqu’à arriver à L’oublier. Certains d’entre eux ne croyaient plus en Dieu, d’autres adoraient des divinités telles que la nature, les arbres, etc. Contrairement à son peuple, Chou’ayb (aws) était une âme noble, qui avait horreur de l’injustice, du brigandage et du vol. (4)
L’appel de Chou’ayb (aws) à Dieu
Allah leur envoya le Prophète Chou’ayb (aws) pour les appeler à adorer Dieu exclusivement et à suivre Ses prescriptions. Chou’ayb appela à Dieu en rappelant tous les bienfaits qu’Il leur avait donné. Mais ils refusèrent d’écouter. Ceux qui adoraient les divinités demandèrent à Chou’ayb si il voulait leur faire quitter la religion de leurs ancêtres. Et ils ajoutèrent “nous faisons ce que nous voulons de nos biens”. (5)
Leur récit est évoqué dans la sourate al A’raf V 85-93; dans la sourate Hud V 84-95. Le prophète Chou’ayb (aws) les mit en garde en évoquant ce qui est arrivé au peuple de Nouh (aws), de Hud (aws), de Salih (aws), de Lot (aws) qui vient de se produire il y a peu de temps. (6)
La réaction de son peuple
Son peuple réagit en moqueries et rabaissement. Mais Chou’ayb (aws) continua son appel en disant “voyez-vous si je me base sur une preuve évidente émanant de mon Seigneur et s’Il m’attribue de Sa part une excellente donation ? je ne veux nullement faire ce que je vous interdis. je ne veux que la réforme autant que je le peux. et ma réussite ne dépend que de Dieu. en Lui je place ma confiance et c’est vers Lui que je reviens repentant.” S Houd V88
On voit que Chou’ayb (aws) a eu un comportement similaire à celui du prophète Nouh (aws) quand il appela son peuple pendant 950 ans. Ils ont appelé avec sagesse et détermination. (7)
Puis Chou’ayb (aws) menaça son peuple du châtiment d’Allah en disant: “O mon peuple, que votre répugnance et votre hostilité à mon égard ne vous entraînent pas à encourir les mêmes châtiments qui atteignirent le peuple de Nouh (aws), le peuple de Hud, de Salih et l’exemple du peuple de Lot n’est pas éloigné de vous.” S Hud V89 (8)
Appliquer ce à quoi on appelle
Le prophète Chou’ayb (aws) voulait le bien pour son peuple. Il appliquait ce à quoi il appelait et il attendait de son peuple qu’il en fasse de même. « Il dit : « Ô mon peuple! soyez certains que quand je vous interdis quelque chose mon but n’est pas de vous contrarier mais il est seulement de vous rendre meilleurs, dans la mesure de mes moyens. Et ma réussite ne dépend que de Dieu. C’est en Lui que je place ma confiance et c’est vers Lui que je ferai retour. » (S 11V88) (9)
Une chose est importante à retenir dans ce passage du récit. C’est qu’il faut mettre en pratique ce que nous prêchons et ce que nous apprenons. Lorsque nous appelons à Dieu nous ne pouvons pas avoir un comportement qui soit contraire à ce à quoi on appelle. Ni lorsque nous apprenons on ne peut pas avoir un comportement qui soit en total opposition.
Nous réformer à travers l’apprentissage
L’acquisition du savoir, l’apprentissage du Coran, etc. doit nous permettre de nous réformer et c’est par cela que nous nous rapprocherons de Dieu. Sinon ce que nous aurons acquis de science ne nous servira à rien. Car le comportement est ce qui pèse le plus lourd dans la balance. Le plus important n’est pas la quantité de Coran appris, ou de hadiths appris. Mais la qualité. Mettons nous en pratique ce que nous apprenons ? Méditons nous sur ce que nous retenons ?
L’annonce du châtiment divin
Chouaïb (aws) annonça à son peuple qu’un châtiment allait s’abattre sur eux tout comme cela s’est produit pour les peuples précédents. Et cela n’est que la conséquence de leur désobéissance. Son peuple ressemblait beaucoup à celui du Prophète Lot (aws) en ce sens qu’ils commettaient les plus graves péchés tels que le vols, le mensonge, etc.
La demande de protection à Allah
Mais son peuple le menaça d’expulsion, de lapidation. Alors Chou’ayb (aws) finit par invoquer Dieu afin de Lui demander protection pour lui ainsi que pour tous les croyants. Chou’ayb (aws) et les croyants furent chassés de Madyan.
Les madyans menèrent leurs vies comme si de rien n’était, faisant abstraction des mises en garde de Shouaïb (aws). (10)
Les madyans étaient attachés à ce bas monde
Ils pensaient qu’en fraudant et en volant ils s’enrichiraient toujours plus mais c’était faux. Ils oubliaient que c’est Allah qui donne le bien. Ils pensaient qu’être riche c’est posséder en quantité mais ils oublièrent que la vrai richesse consiste à se contenter de ce que l’on possède et à en être satisfait. Chou’ayb (aws) venait leur rappeler tout cela, son seul souhait était de les rendre meilleurs et plus proches d’Allah. mais le peuple tenait trop à leur pouvoir et leur richesse.
Tendre la main
Il est important lorsqu’on voit une personne égarée, que ce soit une personne musulmane qui a dévié du droit chemin ou non musulmane de la rappeler à Dieu. Il y a diverses manières de le faire, ne serait ce que par notre bon comportement envers la personne, lui tendre la main pour l’aider, apaiser ses souffrances, l’écouter et la conseiller, cela suffit parfois à ce qu’elle retrouve le droit chemin.
L’argent: un moyen mais pas une fin en soi
Se rappeler également que l’argent n’est qu’un moyen qui nous permet de vivre et de faire le bien. Il ne faut pas trop lui accorder d’importance. ET ne pas oublier que c’est Dieu qui nous abreuve et nous nourrit. Il faut le remercier pour chaque bienfait qu’Il nous donne. Et Il nous le rappelle à travers la sourate al Fatiha quand nous récitons plusieurs fois par jour “al hemdoulilahi rabi’l ‘alamin”.
Pleurer pour Allah
D’après Al Wahdi, Abou al Fath, Mohammed ibn Ali al Koufi, Ali ibn al Hassan ibn Bendar, Abou Abdallah Mohammed ibn Ishaq at-Terbeli, Hicham ibn AMmar, Ismail ibn ‘Abbas, Yahya ibn Said, CHaddad ibn Amin, d’après le Prophète (saws) “Chou’ayb a tellement pleuré par amour pour Allah qu’il est devenu aveugle.” (11)
Es toi, as tu déjà pleuré par amour pour Allah ? Par crainte envers Lui, par le fait de Le décevoir, etc.
Le châtiment de Dieu
Dieu savait tous les efforts que Chouayb (aws) avaient fait pour appeler son peuple à revenir sur le droit chemin. Il les avait avertit du châtiment qui allait venir. Nous retrouvons ce châtiment dans trois sourates du Coran.
Dans la sourate 11 V94 Dieu dit « Puis lorsque vint Notre ordre, Nous sauvâmes, par une miséricorde de Notre part, Chou’ayb et ceux qui croyaient avec lui. Le (terrible) cri saisit les injustes et le matin les trouva gisant dans leurs demeures comme s’ils n’y avaient jamais prospéré. »
Puis dans la sourate 7 V 91 Dieu dit « Alors le tremblement de terre les saisit et l’aube les trouva gisant dans leurs demeures. » (Coran 7:91) Et enfin dans la sourate 26 V189 Dieu dit « Mais ils le rejetèrent; alors le châtiment du Jour de l’Ombre les saisit, et ce fut certes le châtiment d’un jour terrible. »
Une sécheresse et une chaleur intense
Ibn Kathir rapporte qu’Allah leur donna une forte chaleur pendant 7 jours. Il n’y avait aucun vent. Certains virent un nuage noir au loin, ils coururent vers lui en espérant y trouver de l’ombre. Mais quand ils firent à hauteur du nuage, des gouttes de feu se mirent à tomber et la terre trembla sous leurs pieds. Dieu dit : « Ainsi disparurent ceux qui avaient traité Chou’ayb de menteur, comme s’ils n’avaient jamais vécu là. Ceux qui avaient rejeté Chou’ayb furent les perdants. » (S 7V92) (12)
L’histoire de Chou’ayb (aws) nous apprend que même si notre entourage appelle au mal, il faut rester dans la voie du bien. qu’il ne faut jamais convoiter le bien d’autrui car c’est Allah qui distribue les bienfaits entre Ses créatures. Et lorsqu’on voit une personne sur le mauvais chemin il ne faut pas la juger, ni lui tourner le dos mais l’appeler à revenir sur le droit chemin. La purification de l’âme est aussi de rigueur afin de ne pas s’éloigner de Dieu et être happé par les plaisirs de ce bas monde.
Références:
1) Stacey, Aisha, l’histoire du Prophète Shouaib, site: the religion of islam, 2017
2) Ibn Kathir, Abou al Fida’ Ismail, Récits des prophètes, Traduit par Ali Abboud, édition Dar al Kotob al Ilmiyah, Beyrouth, Liban, 2007, 4ème édition, page 228
3) Ibid, page 229
4) Stacey, Aisha, l’histoire du Prophète Shouaib, site: the religion of islam, 2017
5) Ibid
6) Ibn Kathir, Abou al Fida’ Ismail, Récits des prophètes, Traduit par Ali Abboud, édition Dar al Kotob al Ilmiyah, Beyrouth, Liban, 2007, 4ème édition, page 226-227
7) Stacey, Aisha, l’histoire du Prophète Shouaib, site: the religion of islam, 2017
8) Ibn Kathir, Abou al Fida’ Ismail, Récits des prophètes, Traduit par Ali Abboud, édition Dar al Kotob al Ilmiyah, Beyrouth, Liban, 2007, 4ème édition, page 232
9) Stacey, Aisha, l’histoire du Prophète Shouaib, site: the religion of islam, 2017
10) Ibid
11) Ibn Kathir, Abou al Fida’ Ismail, Récits des prophètes, Traduit par Ali Abboud, édition Dar al Kotob al Ilmiyah, Beyrouth, Liban, 2007, 4ème édition, page 234
12) Stacey, Aisha, l’histoire du Prophète Shouaib, site: the religion of islam, 2017