L’imam Abou Hanifa : généreux et attentionné

par | Sep 26, 2020 | Histoire

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L’imam Abou Hanifa fait partie des grands imams. Son école est l’une des quatre écoles principales en jurisprudence. Mais quelle a été sa vie ? Comment est-il devenu un grand savant ? Auprès de qui il a étudié ? Quelles difficultés a t-il rencontré ? Quelle était sa méthode d’enseignement ?

 

Les origines de l’imam Abou Hanifa

 

Abou Hanifa nacquit en  l’an 80 de l’Hégire à Kufa, en Irak. Et il décéda en l’an 150 de l’Hégire. Son grand père s’appelait Zuti, un ami intime du calife ‘Ali ibn Abou Talib (ra). Son père nommé Thabit était également un grand ami de ‘Ali (ra). Quand ‘Ali (ra) décéda en martyr il invoqua Allah (swt) afin qu’Il donne à Thabit une progéniture pieuse. Et Thabit eu un fils appelé an-No’man, connu sous le nom d’Abou Hanifa. (1)

 

La jeunesse de l’imam Abou Hanifa

 

Abou Hanifa a passé une grande partie de sa vie à Kufa. Durant son enfance, il débuta par l’apprentissage du Coran dont son maître était l’imam ‘Asim. (2)

Il était issue d’une famille riche, commerçante de tissus et de soie. Et il devint aussi commerçant et fut l’un des plus connus de la ville. Car il avait des qualités nobles qui le distinguait des autres commerçants.

Abou Hanifa apprit toutes les sciences qui se présentait à lui dès son plus jeune âge. Mais il avait une préférence pour les sciences islamiques surtout celles transmises de l’école de Abdallah ibn Mas’oud et de l’imam ‘Ali (ra). (3)

 

La personnalité de l’imam Abou Hanifa

 

L’imam Abou Hanifa a toujours refusé les dons qui provenaient des gouverneurs. Il était d’une très grande générosité, un homme de confiance. Et il accordait un soin particulier au comportement qu’il considérait encore plus important que les actes d’adoration. (4)

Il faisait tout pour que son commerce soit licite. Et il donnait une partie de ce qu’il gagnait aux autres savants de la ville. Il disait “achetez ce que vous voulez, et ne louez que Dieu car en vérité, je ne vous ai rien donné de moi même mais ce sont plutôt les biens de Dieu.” Abou Hanifa offrait également son argent à ses étudiants afin de leur faciliter l’accès à la science. Et surtout c’était un homme très organisé, il gérait très bien son temps. (5)

C’était un homme très calme, lorsqu’il était attaqué par des remarques ou des insultes cela ne l’atteignaient pas. Il était très indépendant intellectuellement. (6)

 

Abou Hanifa, l’étudiant

 

Une nouvelle organisation dans ses études

 

Abou Hanifa décida de s’organiser autrement pour continuer son apprentissage. Il étudia dans la mosquée de Kufa puis une fois les cours finis il faisait du commerce. Il prit donc un associé pour avoir plus de temps libre afin d’étudier. Ensuite, il se rendit à Basra, à côté de Kufa, où il apprit la philosophie et la dialectique (‘ilm al kalam) de différentes écoles. Mais ce qui l’ intéressait surtout c’est l’étude du fiqh. Il étudia le hadith, la langue arabe, la littérature arabe mais aussi la scolastique (la science du kalam). (7)

 

L’apprentissage de plusieurs sciences

 

Pour l’imam Dhahabi “ Sha’bi fut le plus grand maître d’Abou Hanifa.” Kufa était la troisième ville scientifique après Médine et la Mecque. Il y avait la science du hadith, le Coran, la connaissance des paroles des compagnons et de leurs successeurs. De grands hommes ont apporté leur contribution tels que ‘Ali , ‘Alqama, Ibrahim an-Nakh’i. (8)

Ibrahim an-Nakh’i forma Abou Hanifa dans le domaine du qiyas. C’est le fait d’extraire des règles pour trouver des solutions à des situations jamais rencontrés jusque là. (9)  Abou Hanifa développa également sa science lors de ses voyages à la Mecque la méthode de l’école du Coran de Abdallah ibn Abbas. Il résida à la Mecque pendant 6 ans.

 

Formation auprès de plusieurs savants

 

Abou Hanifa apprit dans plusieurs cercles de savants dont ‘Ata ibn Abi Rabah, ‘Ikrima (à la Mecque), Nafi’, Ja’far as-Sadiq (à Médine), etc. Mais il se forma principalement auprès de son maître Hammad ibn Abi Sulayman pendant 18 ans. (10)

Il raconta l’histoire avec son maître. Un jour son maître dû s’absenter lors d’un cours. Alors Abou Hanifa proposa de le remplacer. On lui posa une soixantaine de questions auxquelles il répondit. Il écrivait ses réponses puis en fit part à son maître lors de son retour. Il en accepta 40. A cet instant, Abou Hanifa jura de ne plus prendre la place de son maître et de rester étudiant auprès de lui jusqu’à la mort de ce dernier. En lorsqu’en  l’an 120 de l’Hégire son maître décéda, il prit donc sa place et enseigna.

 

Abou Hanifa, l’enseignant

 

Sa méthodologie

 

Abou Hanifa avait sa méthode d’enseignement bien à lui. Il donnait un thème ou une question afin d’amener ses étudiants à débattre. Il les laissait  à la réflexion puis à la fin du cours il donnait son avis en reprenant leurs divers arguments. (11)  Car pour lui l’objectif de l’étudiant ou du savant est de chercher la vérité. Il n’imposait jamais son avis et il encourageait ses étudiants à chercher par tous les moyens à trouver les outils leur permettant de donner des avis. (12)

 

Deux types d’étudiants

 

Les étudiants étaient de plus en plus nombreux. Il y avait deux groupes : d’un côté les jeunes qui se formaient auprès de lui. Puis lorsqu’ils avaient retenus l’essentiel de sa méthode ils partaient. Et d’un autre côté, les étudiants qui restaient avec lui pendant de nombreuses années. Ils étaient 32 étudiants. Mais Abou Hanifa considérait ses étudiants comme ses enfants, il les soutenait financièrement. (13)

 

Ses disciples

 

Abou Youssouf de son vrai nom Ya’qub ibn Ibrahim ibn Habib qui compila les avis de son maître Abou Hanifa après sa mort. Mohammed ibn Hasan ash-Shaybani, Zufr ibn al Hudhayl. Nuh al Jami’, Dawud at-Ta’i, Asad ibn ‘Amr. (14)

 

Le contexte politique

 

Abou Hanifa a connu le règne des omeyyades et des abbassides.

 

Sous le règne des omeyyades

 

Il a vécu 52 ans sous les omeyyades. Mais le gouverneur de Kufa faisait pression et menaçait les savants qui pour la plupart d’entre eux finirent par accepter des postes à responsabilités. Néanmoins, Abou Hanifa refusa à plusieurs reprises. Il déclina même le poste de gardien du sceau du gouvernorat où aucune décision ne pouvait être prise sans son accord.

Alors, Abou Hanifa fut mis en prison et on lui assénait 100 coups de fouet par jour. Puis, après quelques semaines, il fut relâché mais sa santé s’était fragilisé. Il partit à la Mecque où il resta six ans. Ensuite, il retourna à Kufa sous les abbassides. (15)

 

Sous le règne des abbassides

 

Abou Hanifa était très indépendant intellectuellement. Il n’hésitait pas à corriger en public les sentences du juge Ibn Abi Layla quand elles allaient à l’encontre des Textes ou que les arguments n’étaient pas cohérents. Alors, le calife al Mansur le convoqua. Il lui proposa d’être juge suprême, de corriger les avis du juge suprême mais il déclina toutes les offres.

Il fut donc emprisonné et on lui infligea dix coups de fouets par jour en public. A cette époque, Abou Hanifa était âgé, son corps ne supporta pas la torture. Sa santé se dégrada, le calife al Mansour prit peur et décida de le relâcher. Mais il n’avait pas le droit de prendre la parole. Abou Hanifa mourut quelques jours après en l’an 150 de l’Hégire. (16)

 

Le développement de l’école hanafite

 

L’école  hanafite devint l’école officielle sous les abbassides grâce à l’influence de juges très puissants comme Abou Youssouf sous le califat de Haroun ar-Rashid.

Les pays où l’école hanafite est suivie sont l’Irak, la Turquie, la Syrie, l’Azerbaidjan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde, la Guyane, le Surinam, l’ile de la Réunion, les pays des balkans.(17)

 

L’imam Abou Hanifa était un savant soucieux de ses étudiants. C’était un homme généreux qui n’hésitait pas à dépenser pour ses étudiants afin de leur faciliter l’accès à la science. Tout au long de sa vie, il est resté dans sa ligne de pensée sans se laisser influencer par les gouverneurs. Il était honnête, droit et il exprimait tout haut ses opinions. 

 

Références:
1 Brahami, Mostafa, Les six grands Imams: évolution historique de la jurisprudence islamique, édition Tawhid, Paris, France, 2014, 1ère édition, pages 81-82
2 Ibid, page 82
3 Ibid, page 83
4 Ibid, page 93
5 Ibid, page 94
6 Ibid, page 95
7 Ibid, page 84
8 ibid, page 85
9 Ibid, page 86
10 Ibid, pages 87-88
11 Ibid, page 90
12 Ibid, page 84                                                                                                                                                                             13 Ibid, page 90                                                                                                                                                                              14 Ibid, page 114-116
15 Ibid, page 111
16 Ibid, page 113
17 Ibid, page 116-117

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D’après Abou Houreira, le Prophète ﷺ a dit :

“Quand le fils d’Adam meurt, son oeuvre s’arrête sauf dans trois choses :

  • Une aumone continue (jariya)
  • Une science dont les gens tirent profit
  • Un enfant pieux qui invoque pour lui”

Rapporté par Mouslim