Le tafsir est un élément indispensable pour comprendre le Coran. Mais qu’est ce que le tafsir ? Qui peut faire le tafsir ? Quels sont les principaux exégètes ?
Définition du tafsir
Selon az-Zarkachi, au sens terminologique, le Tafsir est “une science à l’aide de laquelle on parvient à comprendre le Livre de Dieu révélé sur Son Prophète (saws), à expliquer ses significations et à extraire ses implications légales.”
Au sens étymologique le tafsir correspond à l’élucidation, le dévoilement du sens intelligible. (1)
Al moufassir et les compétences exigées
Al moufassir est celui qui fait le tafsir. L’imam as-Suyuti énumère de nombreuses qualités qu’al moufassir doit avoir. Tout d’abord il doit faire le tafsir pour plaire à Allah (swt). Avoir une foi correcte et saine afin de ne pas dériver lors de l’interprétation du Coran. Respecter la méthodologie précise pour expliquer le Coran. Avoir une très bonne maîtrise de la langue arabe et en connaître ses branches telle que la morphologie.
Maîtriser toutes les sciences liées au Coran mais aussi une maîtrise des autres domaines tels que le fiqh. Et surtout savoir expliquer le verset suivant son contexte en prenant en compte les versets qui précèdent et qui suivent. (2)
Histoire du tafsir
Etape 1: au temps prophète (saws)
Allah (swt) a expliqué Sa parole au Prophète (saws). Puis il (swt) éclairait les compagnons sur la parole d’Allah (swt) lorsque cela était nécessaire.
Al Boukhari rapporte d’après Ibn mas’oud qui rapporte « quand le verset 82 de sourate al an’am fut révélé “les gens furent peinés et dirent au prophète (saws) “o prophète ! qui de nous n’a jamais été injuste envers lui-même en désobéissant à Allah ? Le prophète (saws) leur dit “ce n’est pas ce que vous croyez. N’avez vous pas entendu ce que Luqman dit “mon cher fils n’attribue aucun associé à Dieu car le polythéisme est une injustice énorme.” Sourate Luqman Verset 13 (3)
Etape 2 au temps des compagnons
Les compagnons cherchaient la compréhension de certains versets dans le Coran ou la Sunna. Mais lorsqu’ils ne trouvaient pas dans ces deux sources, ils utilisaient l’ijtihad (le raisonnement par analogie) en utilisant leurs connaissances en langue arabe. (4)
Etape 3: au temps des tabi’in
Il y avait trois villes principales du tafsir: la Mecque où Ibn Abbas (ra) a enseigné à Sa’id ibn Jubayr, Mujahid ibn Jabr, Ikrima, Tawus. Mais également Médine où Ubay ibn Ka’b (ra) enseigna à Muhammad ibn Ka’b al Quradiy. Et Kufa où Abdullah ibn Mas’ud (ra) enseigna a ‘Alqama ibn Qays, Masruq, al Aswad ibn Yazid, etc..
Ce n’est qu’après l’époque des tabi’ins que le tafsir fut rassemblé au sein de livres de hadiths, un chapitre y était dédié comme dans as-Sahih d’al Boukhari, de Mouslim, etc.
Ensuite le tafsir fut un ouvrage à part entière. Selon Ibn an-Nadim ce fut Yahya al Farra qui fut le premier à le rédiger. Ce fut également à cette période que d’autres sciences du Coran telles que l’analyse grammaticale du Coran, l’explication des versets, de ses prescriptions, etc fut développée. (5)
Biographie de quelques célèbres moufassir
L’imam at-Tabari
Abou Ja’far Muhammad Ibn Jarir at-Tabari est né en 224 de l’Hégire en Perse en Iran, près de la mer Caspienne à Amol. Il est surnommé at-Tabari car il est de vient la région du Tabaristan.
Sa vie
Il est issu d’une famille aisée d’agriculteurs. Il a voyagé, loin de sa famille, dans de nombreux pays afin d’apprendre les sciences religieuses auprès de différents savants. Il a étudié notamment la jurisprudence shafi’ite (al fiqh) en Irak, à Bagdad, ainsi que les sciences coraniques, les sciences du hadith à Kufa (Irak). Il développa ses connaissances également en Syrie, au Liban, en Egypte.
Il vécut de nombreuses années en Egypte puis il revint à Bagdad où il enseigna et rédigea de nombreux ouvrages. Il y mourra au mois de Shawwal en l’an 310 de l’Hégire.
Un grand savant
Al Khatib al Baghdadi dit de lui “il fut l’un des plus éminents savants de son époque. On s’en remettait à ses décisions et on se référait à ses opinions tant il était savant et brillant. il a réuni de sciences ce qu’aucun de ses contemporains n’a réuni. Il connaissait le Coran par coeur, il était un expert dans ses lectures, perspicace dans ses significations et les lois qui en découlent, savant dans la sunna et ses origines, ce qui est authentique et ce qui ne l’est pas, ce qui l’abroge et la valide, bien instruit des propos des compagnons et de leurs suivants, de l’histoire des gens et leurs chroniques.”
Son tafsir
Il a écrit 13 livres dont un n’a pu être terminé. Dont son célèbre tafsir Jami’ al Bayan ‘ain ta’wil ayi al-Quran qui fait 15 volumes. Il y a réuni tout le travail qui a été fait en amont, de la première à la dernière sourate du Coran. Son ouvrage est le pilier de tous les commentaires du Coran. (6) L’imam an-Nawawi dit “la communauté s’accorde d’un avis consensuel à considérer qu’aucun livre n’a été écrit en matière de commentaire coranique ayant la valeur du tafsir d’at-Tabari.” (7)
L’imam ar-Razi
Muhammad Ibn ‘Umar, Fakhr ad-Din ar-Razi, al Qurayshi al Bakri est né au mois de Ramadan en l’an 544 de l’Hégire en Perse dans la région de Khorasan. C’était un descendant d’Abou Bakr as-Siddiq.
Il était juriste de l’école Shafi’ite. C’est son père, élève d’al Baghdawi, qui lui a transmis la science de la jurisprudence (al fiqh).
Il a voyagé dans de nombreux pays afin d’acquérir la science. Il est spécialiste du hadith, du tafsir, d’histoire, de langue arabe, de théologie et de philosophie. Il a écrit de nombreux ouvrages dans chacune de ces disciplines. ar-Razi est connu pour son célèbre ouvrage “at-tafsir al kabir” appelé aussi Mafatih al ghayb qui contient 32 tomes.
Il est décédé en 604 de l’Hégire pendant le mois de Ramadan à Harat près de Ray. (8)
L’imam al Qortobi
Abu AbdAllah Muhammad Ibn Ahmad al Andalusi al Qurtubi né en 610 de l’Hégire en Espagne dans la région de Cordoue. C’est pour cela qu’il est appelé al Qurtubi.
Tout comme at-Tabari, il est issu d’une famille d’agriculteurs. Il était orphelin de père. Al Qortobi apprit la science du fiqh, du hadith, du tafsir et de la langue arabe à Cordoue. Puis il dut s’exiler en Egypte pour fuir les persécutions chrétiennes.
Il a rédigé de nombreux ouvrages dont son tafsir al Jami’ li ahkam al Qur’an en 20 tomes. C’est un savant malikite.
Il résida également à Alexandrie puis au Caire pour enfin s’installer à Munya Bani Khasib où il finit ses jours. il décéda en 671 de l’Hégire. Une mosquée portant son nom fut construite en 1971 dans la ville où il est enterré. (9)
L’imam Ibn Kathir
Imad ad-Din Abu al Fida Isma’il ibn Umar ibn Kathir ibn Daw ibn Kathir al Qurashi est né en 700 de l’Hégire en Syrie, à Mijdal dans la région de Busra à côté de Damas.
Ibn Kathir vient d’une famille de savants. A 11 ans, il connaissait entièrement le Coran. Il apprit dans un premier la science auprès de son père, qui était un grand juriste et prédicateur. Mais également auprès de son frère Abd al Wahhab et de ses oncles. Il étudia la jurisprudence hanbalite. Puis il apprit la jurisprudence shafi’ite auprès de sheykh Taqi as-Din al Fazari et de l’imam an-Nawawi. Il deviendra un juriste shafi’ite.
Il se spécialisa également dans les sciences du hadith auprès du savant adh-Dhahabi. Il étudia aussi auprès de shaykh al islam Ibn Taymiya. Au total il acquit la science auprès d’une centaine de savants.
Il est connu pour son Tafsir accessible à tous. il décéda à Damas en 774 de l’Hégire et il est enterré à côté de son sheykh Ibn Taymiya. (10)
L’imam as-Suyuti
Abd ar-Rahman Ibn al Kamal Abu Bakr as-Suyuti surnommé Jalal ad-Din est né en 849 de l’Hégire en Egypte à al Asyut. C’est pour cela qu’il est surnommé as-Suyuti. Il fut orphelin à l’âge de 6 ans. Il provient d’une famille de notables. Il connaissait le Coran dès son plus jeune âge. A 16 ans, il étudia auprès de nombreux savants la grammaire et la jurisprudence. Il apprit auprès de sheykh al Bulqini, sheykh Muyi ad-Din al Kafiyaji pendant 14 ans.
Puis il voyagea dans plusieurs pays afin d’acquérir davantage de science dont en Syrien, en Inde, au Hijaz, au Yémen, au Maghreb. Il eut environ 150 maîtres. Il fut un spécialiste en tafsir, hadith, jurisprudence, langue arabe et histoire. (11)
Il étudia le tafsir auprès de Charaf al Munawi; la langue arabe et le hadith auprès de Taqi ad-Din ach-Chamani, le fiqh auprès d’al Balqyni. (12)
A l’âge de 40 ans il commença à rédiger des ouvrages dans de nombreux domaines dont la médecine, le tafsir, la jurisprudence, le hadith, etc. Il est connu pour son tafsir al Jalalayn qui avait été commencé par un des ses maîtres Jalal ad-Din al Mahalli, mort avant de l’achever. Alors as-Suyuti le termina de sourate al kahf jusqu’à sourate an-nass. (13)
Il est décédé en l’an 911 de l’Hégire à 62 ans le 19 Jumada al Awla, à l’aube. (15)
L’imam as-Sa’di
Abd ar-Rahman ibn Nasir ibn Abdillah ibn Nasir ibn Hamad al Sa’di at-Tamimi (tribu des Bani Tamim) est né le 12 Muharram en 1307 de l’Hégire à Uzayna dans la région de Qasim en Arabie Saoudite.
A l’âge de 4 ans il perdit sa mère, puis son père à 7 ans. Il fut élevé par la dernière épouse de son père. Il mémorisa le Coran à 11 ans. Ensuite il apprit les sciences religieuses. A l’âge de 20 ans il enseigna dans sa ville tout en continuant d’étudier auprès de nombreux savants tels que cheykh Ibrahim ibn Ahmed ibn Jasir, Sheykh Salih ibn Uthman al ‘aqida, le tafsir, oussoul al fiqh et la langue arabe. Cheykh Ali an-Nasir Abu Wadi avec qui il étudia la science du hadith. Mais également, il apprit auprès de sheykh Ibn Taymiya, Ibn Qayyim al Jawziyah. C’était un savant hanbalite, spécialite du tafsir et oussoul al fiqh.
Il partageait ses journées entre l’apprentissage, l’enseignement et être utile aux gens. Et ses nuits étaient divisaient entre révision, apprentissage, sommeil et adoration d’Allah (swt). Il s’occupait des pauvres, des nécessiteux.
Il est décédé en l’an 1376 de l’Hégire à 69 ans. (15)