Othman ibn ‘Affan (ra) fait partie des compagnons du Prophète (saws) mais également c’était le 3ème calife bien guidé. Quelle a été sa vie ? Quelles sont ses qualités ?
La vie de Othman ibn ‘Affan (ra)
Othman ibn ‘Affan ibn Abi al ‘As ibn Umayya (ra) est né à Ta’if. Il est issu des Banu Umayya, un clan fortuné de Quraysh. Pendant son enfance, il apprit à lire et à écrire. Ce qui fit de lui un des rares à être lettré. Son père était un riche commerçant, il lui succéda pour reprendre la suite. C’était donc un homme aisé.
Il a pour surnom “l’homme aux deux lumières” (Dhu an-Nurayn) du fait qu’il ait épousé deux filles du Prophète (saws): Roqaya (ra) puis Oum Kalthoum. (ra).
Il fait partie des dix compagnons promis au Paradis et il fut le 3 ème calife bien guidé. (1)
Sa conversion
Certains rapportent qu’il fit un rêve en rentrant de son voyage commercial en Syrie durant la sieste. Entre Ma’an et az-Zarqa’, il entendit dans son rêve un homme appeler les gens et leur dire “réveillez vous ! Ahmad vient de se manifester à la Mecque”. (2)
Lors d’un retour de voyage commercial au Sham, Abou Bakr (ra) l’informa de la grande nouvelle. L’annonce de la prophétie de Mohammed (saws). Il n’hésita pas à le soutenir et il se convertit. (3)
L’invocation du Prophète (saws)
Othman (ra) eut le privilège d’avoir une invocation de la part du Prophète (saws) qui dit “O Dieu, sois Satisfait de Othman comme je le suis moi même.” (4)
Le Prophète (saws) dit “chaque prophète aura un compagnon au Paradis, Othman sera le mien” (5)
Les deux émigrations
En Abyssinie
Othman (ra) émigra deux fois. Il fit partie des premiers musulmans qui ont émigré, avec sa femme Roqaya, en Abyssinie suite aux persécutions incessantes des polythéistes. Puis ils revinrent à la Mecque quelques temps plus tard suite à une fausse rumeur disant que les qurayshites auraient adhérer au message de l’islam. (6)
A Médine
Lorsque le Prophète (saws) annonça aux musulmans qu’il devait émigré à Médine, Othman (ra) et sa femme partirent. Il y développa son commerce et devint l’un des hommes les plus riches de Médine. Cela ne l’empêchait pas d’être généreux et d’aider les personnes dans le besoin.
Par exemple, l’eau était tellement chère que les pauvres ne pouvaient plus en bénéficier. Il décida d’acheter le puits de Rûma qui appartenait à un juif. Il finança également l’agrandissement de la mosquée du Prophète (saws). Pour cela il acheta des parcelles de terres.
Sa générosité ne s’arrêtait pas là, il aidait financièrement les veuves, les orphelins, et il affranchissait des esclaves tous les vendredis. (7)
Othman (ra) avait une vision et une définition autre que ce que l’on connaît de l’émigration. Ce n’était pas pour lui changer d’endroit mais plutôt le fait de changer spirituellement, de changer de mode de vie, de mettre Allah (swt) au centre de sa vie. (8) C’est cela qui lui permit de se détacher de ce bas monde. (9)
Un homme aux qualités nobles
Il était pieux, pudique, modeste, généreux. Il a donnait sa fortune au service de l’islam. (10) Certaines de ces qualités sont détaillées plus loin.
Le décès de sa femme Roqaya
Il ne put participer à la bataille de Badr. Son épouse, Roqaya, était malade, il devait rester à son chevet. Elle décéda en l’an 2 de l’Hégire. (11)
Quelque temps après le décès de Roqaya (ra), le Prophète (saws) lui proposa d’épouser sa deuxième fille Oum kalthoum (ra). Ce qui lui valut le surnom de l’homme aux deux lumières. (12)
Une vie simple
Malgré sa richesse, Othman (ra) vivait dans la simplicité, avec le strict minimum pour vivre. Il avait un lien solide avec le Coran, et il pratiquait la prière nocturne de manière assidue. Il dit “j’ai trouvé la douceur de l’adoration en quatre choses. l’accomplissement d’actes d’adoration obligatoires prescrites par Allah. Éviter les choses interdites par Allah. Enjoindre ce qui est bon en cherchant la récompense d’Allah. Interdire ce qui est mauvais en craignant la colère d’Allah. » (13)
Othman (ra): un homme pudique
Aisha (ra) rapporte “ le Prophète (saws) était assis, la cuisse découverte, quand Abou Bakr (ra) puis Omar (ra) lui demandèrent la permission d’entrer. Il la leur accorda dans cet état. Puis Othman (ra) sollicita la permission d’entrer et le Prophète (saws) recouvrir alors sa cuisse. Quand ils furent partis je m’enquis “o Messager d’Allah ! Abou Bakr (ra) et Omar (ra) t’ont demandé la permission d’entrer et tu la leur as donnée sans changer ta posture. Mais quand Othman (ra) t’a demandé la permission d’entrer, tu t’es recouvert. Il répondit “o Aisha, ne devrais je pas avoir honte vis à vis d’un homme, par Allah, devant lequel les Anges ont honte ? “ (14)
Son attachement au Coran
Son compagnon au quotidien
Othman (ra) était très attaché au Coran, c’était son compagnon au quotidien. Il le récitait le jour, la nuit, à chaque moment. Il méditait énormément la parole d’Allah (swt) afin qu’il s’imprègne des qualités morales. car ce qui importait aux compagnons, c’était de mettre en pratique ce qu’ils apprenaient.
Son verset préféré
Othman (ra) aimait un verset en particulier qu’il récitait souvent “propose leur la parabole de la vie en ce bas monde. Elle est semblable à cette eau que Nous faisons descendre du ciel et dont les plantes s’imprègnent un instant pour se transformer ensuite en chaume à la merci des vents, car la puissance de Dieu n’a point de limite.” Sourate 18 Verset 45
Dans ce verset, Allah (swt) montre que ce bas monde n’est qu’illusion. Othman (ra) s’était détaché de ce bas monde, il s’en servait comme un moyen pour préparer son au-delà. C’est d’ailleurs pour cela qu’il était généreux et ne gardait rien pour lui. Il avait mis sa fortune à la disposition de la religion. (15)
Ibn Omar (ra) dit que le verset “celui qui, aux heures de la nuit, reste en dévotion, prosterné ou debout, prenant garde de l’au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur” concerne Othman (ra) ». (16)
Sa préparation de l’au delà
Ce bas monde est éphémère
II disait aux musulmans “Dieu vous a accordé des biens de ce monde afin de vous en servir pour garantir votre salut dans l’au-delà et non pas pour en faire un but majeur. Ce monde-ci est éphémère alors que l’autre est éternel. vous devriez préférer ce qui est durable à ce qui est périssable. Ce monde-ci prendra certainement fin et c’est vers Dieu que sera la destination de toute créature.”
Il avait si peur du Jugement Dernier qu’il disait “si je me trouvais entre le Paradis et l’enfer sans savoir la décision de Dieu déterminant mon sort, je souhaiterais me transformer en cendres avant de l’apprendre.” (17)
Ne vous laissez pas tromper
Othman (ra) dit “la vie présente n’est que jouissance trompeuse. Qu’elle ne vous trompe donc pas et que le trompeur (satan) ne vous induise pas en erreur au sujet de Dieu ! estimez la vie d’ici bas à sa juste valeur et œuvrez pour votre salut dans l’autre monde.
Et il rappela les versets 45-46 de sourate 18 où Allah (swt) dit “propose leur encore la parabole de la vie en ce monde. Elle est semblable à cette eau que Nous faisons descendre du ciel et dont les plantes s’imprègnent un instant pour se transformer ensuite en chaume à la merci des vents car la puissance de Dieu n’a point de limite. richesses et enfants ne sont que la parure de la vie de ce monde, tandis que les bonnes oeuvres qui perdurent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et suscitent dans le coeur des fidèles une belle espérance.” (18)
Le califat de Othman (ra)
Le choix du calife Othman (ra)
A l’approche de sa mort, Omar (ra) nomma un comité de six compagnons pour décider du compagnon qui allait lui succéder au poste de calife. Il nomma: Talha ibn Ubaydallah, Abd ar-Rahman ibn ‘Awf, az-Zubayr ibn al ‘Awwam, Sa’ d ibn Abi Waqqas, Ali, Othman (ra). Tous déclinèrent le poste de califat sauf Othman et Ali (ra). Au bout de trois jours de concertation, ils s’accordèrent sur le choix de Othman (ra). Abd ar-Rahman ibn Awf annonça la décision du comité aux musulmans de Médine. (19)
Ce qui importait à Othman (ra) c’était le bien être de la communauté et la préservation de son unité. Il était à la fois indulgent et juste. (20)
Le deuxième assemblage du Coran
L’élargissement de l’islam
Au temps du califat d’Abou Bakr (ra) un premier assemblage du Coran eut lieu. Puis lors du califat d’Othman (ra) car l’islam se diffusa de plus en plus loin. Les compagnons devaient se déplaçait à l’extérieur de Médine pour enseigner l’islam aux peuples convertis. Ils apprenaient le Coran selon la lecture que leur enseignait le compagnon. Car le Coran a été révélé selon sept modes de révélation.
Lors d’un déplacement en Arménie et à Azerbaidjan, le compagnon Houdhayfa al Yaman (ra) vit les musulmans se disputaient sur les différentes lectures du Coran. Ils n’avaient pas connaissance des sept modes de révélation. Alors Houdhayfa (ra) fit part de son inquiétude à Othman (ra) qui prit la décision de faire un nouvel assemblage du Coran selon un seul mode de révélation afin de faire disparaître la polémique.
Rassemblement du Coran selon un mode de révélation
Il choisit Zeyd ibn Thabit (ra), le compagnon qui avait été en charge de rassembler le Coran lors du califat de Abou Bakr (ra). Il lui demanda de diriger un comité de 4 compagnons : Abdoullah ibn az-Zoubeir, Said ibn al ‘As, Abd ar-Rahman ibn al Harith et Zeyd.
Ils ont rassemblé le Coran selon un seul mode de révélation. Une fois le travail effectué, le moshaf d’Abou Bakr (ra) fut restitué à Hafsa (ra) puis il brûla tout exemplaire du Coran qui comportait 7 modes de révélation et envoya les copies avec un seul mode de révélation dans les les différentes villes. (21)
La mort de Othman (ra)
Le rêve
La veille de sa mort, il vit en songe le Prophète (saws) qui lui dit “ “O Othman, demain tu romperas le jeûne parmi nous.” (22) Othman (ra) avait compris que sa mort était proche. Il passa sa nuit en prière et savoura chacune de ses prières. Sa femme, Nayla, le vit sourire.
Face à ses ennemis
Ensuite Othman (ra) demanda aux compagnons restés devant chez lui, pour sa sécurité , de partir mais ils refusèrent. Parmi eux se trouvaient al Hasan, al Husayn, Abou Hourayra, AbdAlalh ibn Zubayr, Muhammad ibn Talha. Mais les ennemis finirent par entrer à Médine. (23)
Othman (ra) apaisa la situation, il retourna chez lui lire le Coran. Quand un homme rentra chez lui et le poignarda à la main. Il dit “ Par Dieu, cette main fut la première à transcrire les versets du Coran”. Le sang commençait à couler sur le Coran alors il le ferme pour ne pas que les versets s’effacent. (24) Puis un deuxième homme, AbdAllah ibn Saba’, un hypocrite musulman, le tua en lui donnant un coup de poignard dans le corps. (25)
Il était en état de jeûne et récitait le verset “et alors Allah te suffira contre eux.” Dans une autre version, il était en train de lire le verset “ceux à qui l’on disait “les gens se sont regroupés pour vous attaquer; craignez les !” cela ne fit qu’accroître leur foi, ils dirent “Dieu nous suffit ! Il est notre Meilleur garant.” Sourate 3 Vserset 173. (26)
Le courage de Oum Habiba (ra)
Les ennemis s’opposèrent à l’enterrement du corps de Othman (ra). Oum Habiba (ra), la femme du Prophète (saws) dit alors “o vous les rebelles, sachez que si vous ne nous laissez pas prendre le corps de Othman pour que nous puissions l’enterre, moi, l’épouse du Prophète, celle qu’il a aimée et avec laquelle il s’est uni, oui, moi la mère des croyants, Oum Habiba, fille d’Abou Sufyan et épouse du Prophète, je descendrai dans les rues de Médine sans voile, les cheveux découverts pour prendre le corps de Othman et l’enterrer de mes propres mains.” Le corps fut donc rendu. (27)
Othman fut assassiné le vendredi 18 dhu al hijja en l’an 35 de l’Hégire, à l’âge de 80 ans. (28)
Othman (ra) était un homme tellement attaché au Coran, tellement préoccupé par l’au-delà qu’il est décédé en effectuant ce qu’il aimait le plus dans ce bas monde: lire le Coran. Il donnait une place, une attention particulière à la parole d’Allah (swt) sans négliger ses responsabilités dans ce bas monde. Il avait su mettre Allah (swt) au centre de sa vie.
Cela doit nous interpeller et nous interroger. Quelle est ma relation avec le Coran ? Est ce que je mets suffisamment Allah (swt) au centre de ma vie ? Car il ne suffit pas d’accomplir les cinq piliers de l’islam et se dire c’est bon. Il faut préparer son au-delà rigoureusement. Est ce que j’utilise ce bas monde comme un moyen pour préparer mon au-delà ? Est ce que je pense à me préparer à rencontrer Allah (swt) le Jour Dernier, à ce que je vais lui dire ? Cette biographie mérite d’être approfondie, méditer, d’en tirer les enseignements nécessaires afin de nous remettre en question et de nous améliorer.
Références:
1) Meyer, Issa, Héros de l’Islam, éditions Ribat, 2020, Paris, France, 1ère édition, page 49
2) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 162
3) Meyer, Issa, Héros de l’Islam, éditions Ribat, 2020, Paris, France, 1ère édition, page 50
4) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 162
5) Ibid, page 171
6) Meyer, Issa, Héros de l’Islam, éditions Ribat, 2020, Paris, France, 1ère édition, page 50
7) Ibid, page 51
8) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, pages 158-159
9) Ibid, page 167
10) Meyer, Issa, Héros de l’Islam, éditions Ribat, 2020, Paris, France, 1ère édition, page 49
11) Ibid, page 52
12) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 171
13) Meyer, Issa, Héros de l’Islam, éditions Ribat, 2020, Paris, France, 1ère édition, page 52
14) Ibid
15) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, pages 172-173
16) Ibid, page 176
17) Ibid, page 177
18) Ibid, page 187
19) Meyer, Issa, Héros de l’Islam, éditions Ribat, 2020, Paris, France, 1ère édition, page 53
20) Ibid, page 57
21) Moncef, Zenati, les sciences du Coran, éditions Bayane, Paris, France, 1ère édition, 2013, pages 34-35
22) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 238
23) Andalouci, Siham, Ces héros de l’islam, éditions Tawhid, 2015, Paris, France, 1ère édition, page 180
24) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 240
25) Andalouci, Siham, Ces héros de l’islam, éditions Tawhid, 2015, Paris, France, 1ère édition, page 180
26) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 240
27) Andalouci, Siham, Ces héros de l’islam, éditions Tawhid, 2015, Paris, France, 1ère édition, page 180
28) Khalid, Muhammad Khalid, Les 5 califes bien guidés, traduit par Karim Foudili, éditions Tawhid, 2009, Paris, France, 1ère édition, page 187