L’islam est venu valoriser la femme musulmane, notamment en lui octroyant le droit à l’héritage. Durant la période préislamique, la femme n’avait le droit à rien et faisait même partie des objets à hériter. Mais quelle part Allah (swt) a octroyé à la femme musulmane ? Quelles sagesses en tirer ?
Définition de l’héritage
Au sens étymologique c’est “la transmission d’une chose d’une personne à une autre, d’un groupe à un autre et cela n’est pas limité aux biens mais englobe le savoir, l’honneur, etc. C’est dans ce sens que le Prophète (saws) a dit “les savants sont les héritiers des prophètes. Or, les prophètes n’ont laissé en héritage ni dirham ni dinar mais ils ont légué le savoir, quiconque le saisi aura bénéficier d’une grande part.”
Au sens terminologique “c’est la transmission de la propriété du défunt à ses héritiers vivants, qu’il s’agisse d’un bien mobilier, immobilier ou d’un droit personnel.” (1)
Le terme “Al mawarith” المَوارِث vient de و رث qui signifie hériter de quelque chose, de quelqu’un. (2)
Les dépenses obligatoires liées à l’héritage
L’héritage ne se partage entre les ayants droits qu’après avoir effectué avec l’argent de l’héritage les obligations suivantes. Les frais de l’enterrement du défunt; le remboursement des dettes que le défunt doit aux gens. Car le Prophète (saws) a dit “l’âme du croyant est accrochée à sa dette jusqu’à ce qu’on la paie pour lui.” (Ahmed)
Les dettes envers Allah (swt)
Concernant les dettes envers Allah (swt) telles que la zakat, les expiations il y a divergence chez les savants. Pour les hanafites, elles ne peuvent pas être payées de l’héritage. Alors que pour la majorité des savants elles doivent être payées avant la partage de l’héritage.
Léguer à un tiers
Il y a également le fait de donner une part de l’héritage à un tiers qui ne fait pas partie des héritiers. Mais il ne faut pas que cela dépasse le tiers de l’héritage. Et cela après avoir dépenser pour les frais de l’enterrement et payer les dettes.
Partager le reste de l’héritage aux ayants droits
Puis une fois tout cela effectué, le reste de l’héritage peut être partagé entre les héritiers selon le Coran, la Sunna et le consensus de la communauté. (3)
Les causes d’héritage
Les liens de parenté: mère, père, enfants, frères, sœurs, oncles, etc. Le mariage même s’il n’a pas été consommé; l’alliance due à l’affranchissement. Les héritiers qui ne peuvent pas être déshérités sont le fils, la fille, le père, la mère, le mari et l’épouse. (4)
Les femmes ont le droit à l’héritage en Islam
Avant l’islam, l’héritage était réservé uniquement aux hommes. Et les femmes étaient également comptées comme des objets à hériter. L’Islam est venu abrogé cela. Allah (swt) dit “o vous qui avez cru ! il ne vous est plus permis d’hériter des femmes contre leur gré…” Sourate 4 Verset 19 (5)
Sourate an-Nisa
Les versets 11 et 12 de la sourate 4 mentionnent les héritiers qui ont une part fixe. Allah (swt) dit « en ce qui concerne vos enfants, Dieu vous prescrit d’attribuer au garçon une part égale à celle de deux filles. S’il n’y a que des filles et qu’elles soient au moins deux, il leur sera attribué les deux tiers de ce que laisse le défunt. Mais s’il n’y en a qu’une seule, elle en prendra la moitié. Si le défunt laisse un enfant, les ascendants, père et mère, auront chacun un sixième de l’héritage. Mais s’il ne laisse pas d’enfant et que ses père et mère soient ses seuls héritiers, la mère aura droit au tiers. S’il laisse des frères et des sœurs, sa mère aura le sixième après que les legs et les dettes du défunt auront été acquittés. De vos ascendants ou de vos descendants vous ne savez pas lesquels vous sont les plus dévoués. C’est là une obligation divine à observer. Dieu est Omniscient et Sage.
La moitié de ce que laissent vos épouses vous revient, si elles n’ont pas d’enfants. Mais si elles en laissent, vous n’aurez droit qu’au quart de ce qu’elles laissent, après que les legs et les dettes grevant la succession auront été acquittés. Vos épouses ont droit au quart de ce que vous laissez, si vous n’avez pas d’enfants. Mais si vous en avez, elles n’auront pas elles n’auront droit qu’au huitième de ce que vous laissez, déduction faite de tout legs ou dette grevant la succession. Quand un homme ou une femme meurt sans laisser d’ascendants ou de descendants, à la survivance d’un demi frère ou d’une demi sœur d’une même mère, chacun de ces derniers aura droit à un sixième. Mais s’ils sont plus nombreux, ils se répartiront le tiers de l’héritage, déduction faite de tout legs ou dette non préjudiciable aux héritiers. C’est ce que Dieu vous recommande car Il est Omniscient et Plein de mansuétude.” (6)
Cause de révélation des versets de l’héritage
Allah (swt) révéla le verset par rapport à Um Kabha qui s’adressa au Prophète (saws) “ mon mari vient de mourir et m’a laissé deux filles. Or, nous n’avons rien reçu en héritage.” L’oncle des enfants tenta d’argumenter “ O Envoyé de Dieu ! Elles ne montent pas à cheval, ne portent pas le sabre et ne frappent pas l’ennemi et on devrait encore les pouvoir en héritage alors qu’elles n’acquièrent rien par elles-mêmes. ” (rapporté par at-Tirmidhy) (7)
La femme n’est pas lésée dans l’héritage
La femme n’a aucune obligation financière
Certains peuvent penser que la femme est lésée concernant l’héritage car en général l’homme hérite plus que la femme. Mais Allah (swt) est Juste et il y a une raison à cela. La femme n’est pas dans l’obligation de subvenir à sa famille contrairement à l’homme. Il a la charge de son épouse, de ses enfants, parfois de sa ou ses sœurs non mariées et dans certains cas de ses parents. Allah (swt) le dit dans le verset 34 de la sourate 4 “ les hommes ont la charge de s’occuper des femmes.”. La femme reçoit une dot de la part de son époux quand elle se marie, etc. Elle dispose comme elle l’entend de son argent. Elle n’a pas d’obligation de le dépenser pour sa famille contrairement à l’homme. (8)
L’homme a de lourdes responsabilités
Lors de la mort du père, le fils hérite deux fois plus que la fille pour plusieurs raisons. Car lorsqu’il se mariera il devra donner une dot à son épouse. Puis il sera dans l’obligation de prendre en charge les besoins de son épouses, de ses enfants. De ses sœurs si elles ne sont pas mariées et ne travaillent pas. Alors que la femme n’a aucune dépense à faire vu qu’elle ait prise en charge financièrement par son mari ou dans certains cas par son frère ou son père si elle n’est pas mariée. (9)
Exemples d’héritage
Un musulman meurt en laissant pour seuls héritiers un fils et une fille. Le fils recevra deux tiers de l’héritage et la fille un tiers. (10)
Situation où l’homme hérite autant que la femme
Dans certaines situations l’homme hérite à part égale de la femme. Les deux parents héritent d’un sixième de leur fils décédé quand il laisse un garçon. La mère et le père héritent de la même part. Allah (swt) dit “les ascendants, père et mère, auront chacun un sixième de l’héritage si le défunt a des enfants.” Sourate 4 Verset 11. Car le fils est chargé de subvenir à leurs besoins sans faire de distinction entre eux dans le cas où il a une situation financière qui lui permet de le faire, que le père est pauvre et dans l’incapacité de subvenir aux besoins de sa famille. (11)
Cas où la femme hérite plus que l’homme
Même dans certains cas la femme peut avoir une part plus importante que l’homme. Lorsqu’une femme décède laissant un époux, sa mère, deux frères germains, une sœur utérine. La sœur utérine a un sixième de l’héritage à elle seule et les deux frères germains se partagent un sixième. (12)
Comme quand une femme meurt en laissant son époux, une sœur germaine et un frère consanguin. L’époux reçoit la moitié de la succession et la sœur germaine reçoit l’autre moitié. Le frère consanguin ne reçoit rien car en tant que parent éloigné il ne lui reste aucune part mais s’il y avait à sa place une sœur, elle recevrait un sixième de l’héritage pour subvenir à ses besoins. (13)
L’importance du testament
Il est important en Islam que le musulman rédige un testament, cela fait partie des obligations. Le testament doit se rédiger pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le testament permet de respecter nos volontés à notre mort, surtout si l’on souhaite léguer une part de l’héritage à une tierce personne ne faisant pas partie des héritiers.
Cela permet de s’assurer que l’héritage sera distribuer selon les règles de l’islam. Car si la personne décède sans avoir laisser de testament, l’héritage sera distribué selon les lois où elle résidait lors de sa mort. Et cela peut être dans un pays non musulman. Dans certains cas cela peut être problématique. Par exemple, le père et la mère meurent laissant leur progéniture mineure. C’est le tribunal du pays qui décidera qui prendra en charge les enfants. Et cela peut être des personnes non musulmanes. (14)
A travers ces règles de l’héritage, nous voyons que la femme n’est pas lésée en Islam. Au contraire, Allah (swt) a valorisé la femme, a instauré des règles pour la protéger tout comme il en a instauré à l’homme pour sa protection. Chaque être humain a des droits. Et lorsque l’on connaît les raisons où en général l’homme hérite plus que la femme, nous nous apercevons que la femme a une place importante auprès d’Allah (swt). Dieu (swt) est équitable dans Ses prescriptions.
Références